Tout ce qui reste - Lydie Planas à perte de vie, "Je m'en/ventre", Editions Furtives

En instaurant l'instance de la douleur comme principe premier, Lydie Planas dit tout le mal qu'elle se fait. Non par masochisme mais pour des raisons plus profondes. Celle - entre autres - d'y être mal venue. Si bien qu'un lyrisme minimaliste et constrictor montre comment au lieu de faire naître une pensée vitale, les mots comme la vie l’étouffe.


L'auteure ne chérit pas les vocables par goût de l’effet verbal. Néanmoins ils demeurent tout ce qui reste. L’imaginaire poétique n‘ouvre pas l'espace textuel à des possibles mais à un "mal-entendu" (écrit l'auteure). Elle rappelle la douleur d'une existence grevée de "l'engelure de moi-même".

Lydie Planas exclut en conséquence ce que Derrida nomme un "hymen" susceptible de laisser poindre un monde nouveau. Elle fait émerger l'impossibilité ou l'impensable d'un tel lieu et nous contraint à scruter son non-lieu,  à percevoir ce qui demeure son absence au temps qui la dévore du dedans.

Le langage n'est plus une trame, ni même un appel. "Je ne parle pas comme vous" écrit-elle. Elle déchire, crache, arrache, extrait et tente de se détacher de tout : des représentations, places, mises en scène, toilettes, intimités, vanités, et d'elle-même en ce cri du fatum subi dans la seule béatitude des abîmes.


Jean-Paul Gavard-Perret


Lydie Planas, "Je m'en/ventre", Editions Furtives, Besançon, 2021.

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