Depuis ses premiers travaux - "Rail Magic" (1949) et "The Eye of Love" (1952) - et à travers six décennies Groebli poursuit une recherche expérimentale soit en studio soit dans le monde. Cette centaine de clichés suffit pour exprimer le désir de l'image et l'image du désir.
"The Eye of Love" fut une révolution car le photographe suisse développa tout un spectre de la nudité. Il profita en effet de sa lune de miel avec sa femme Rita dans une chambre d’hôtel à Paris où ils s' isolèrent pendant trois jours pour témoigner de la l’intimité et la proximité des amoureux dans leurs cérémonies et pratiques nuptiales mais aussi quotidiennes de la manière la plus simple mais néanmoins sophistiquée.
Cette suggestion érotique momentanément s'étend sur toute l'oeuvre du photographe. Le château intérieur s'y lézarde ou laisse voir des chambres interdites et les connexions aux "paysages" se multiplient dans une (ré)génération comme spontanée et subtile faite d'éloignements et de rapprochements.
La charge érotique est toujours implicite ou plus évidente mais juste ce et quand il le faut. De telles images-mouvements créent une prolifération poétique où ce qui bouge est non seulement épié mais montré dans une lague plastique richissime mais dépouillée d'éléments superfétatoires. Existe ici non seulement un œil qui caresse le monde mais le regard qui l'approfondit.
Jean-Paul Gavard-Perret
René Groebli, "The Magic Eye" ,textes de Stefan Zweifel, Daniele Muscionico, Guido Magnaguagno, Hans-Michael Koetzle et Daniel Blochwitz Edition Bildhalle, Zurich, 148 CHF, 200 p. 2020
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