« Ombre et lumière », VIRGINIE JATON et CLAIRE NICOLE, S'ATTENUER DE NUIT

Virginie Jaton rappelle de la manière la plus poétique que nous ne sommes pas que des âmes. Du moins pa sen totalité. Car nous ressemblons - même si nous ne sommes pas de bois - à des arbres. Du moins de ceux dont qui   - coupé de leurs racines - le langage devient mensonge. C'est pourquoi la tentation du silence en saisit certains d'entre eux.

Mais ce serait là accepter de ne pas avoir de véritable essence. Contre une telle extinction et plutôt que de conserver l'esprit noué aux branches il faut se battre. Virginie Jaton s’y engage pour répondre au double problème de l’identité. A savoir le « qui je suis » et le « si je suis ». Et soudain ce « je » devenant sève ne fait plus affluer les sons d'une hache qui réduirait la forêt des signes à des mats - seraient-ils de cocagne.

La poésie permet de connaître les propriétés physiques du feu des hêtres sans être (l'inverse est vrai aussi) afin d’en faire éprouver la chaleur, la brûlure comme la cendre. L’auteur laisse sa langue (qui, elle, n’est pas de bois) parler bien au-delà de la seule volonté consciente. S'inscrit une avancée subtile en une économie particulière : à un texte succède un autre dans un mouvement travaillé par le temps. Claire Nicole met quant à elle ses propres jeux d'ombre et de lumière par ses interventions plastiques.  


Un tissu précaire, souple, délicat apparaît. En dessous palpite une chair que l'on ne connaît pas ou trop mal. Mais les mots de Virginie Jaton permet de s'y aventurer sans crainte. C'est comme si les platanes des écoles communales avaient perdu leur pouvoir de nostalgie. La vie demeure ouverte là où seul le présent tutoie en caressant des quartiers de la lune pour rejoindre le jour. Mais juste ce qu'il faut à l'ombre des ramures.

Jean-Paul Gavard-Perret.


Virginie Jaton & Claire Nicole, « S’atténuer de nuit », Editions Couleurs d’Encre, Lausanne, 2016.


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