« Dans le volcan », REMY DISDERO, OARISTYS ET AUTRES TEXTES

Est-ce où finit le ciel  que commence la terre ? Pour sûr c'est en elle que son bleue se noie. Si bien que l'appeler planète d'une telle couleur reste une vue de l'esprit sauf peut-être pour les cosmonautes en partance vers l'ailleurs. Sur elle, Remy Disdero fait pleuvoir des mots en gouttes de nuit. La neige elle-même y semble sale. Le corps du temps s'y recourbe et parfois vibre de fragments de foudre. Des soifs voudraient écrire des sources pour nager vers l'arbre-prière sur la brise des échoués. Mais ne reste au bas de la ville « que le froid de la nuit qui vient à ronger les peaux des clochards ».


Rémy Disdero a renoncé très tôt à être le meilleur. Le meilleur, c'est toujours l'autre. Et l'auteur et dessinateur se veut un autre « autre » dont les os plus tard, bien plus tard deviendront des poussières d'étoiles. Pour l'heure il reste le rodeur autodidacte,  le perdant magnifique. Il sait que chaque geste osé et partagé avec soi répare. Mais il apprécie autant ce qui gratte d'autant qu'il ne souhaite pas remonter ce qui est cassé, ça n'a jamais été aussi impossible et la grande béance veille : elle absorbera tout.

Le sommeil n'est plus - sinon le grand. La terre n'est que désordre. On voudrait croire à des destins adoucis mais Disdero est trop lucide pour ça. Même les petits bonheurs ne viennent plus de la nature. Celle-ci tourne à un certain désastre Peu de princesses de l'azur : dans le puzzle humain beaucoup de pièces sont noires. La paix est rarement au rendez-vous là où les chiens rodent. Difficile pour le poète qui a connu bien des galères de retrouver l'enfant qui sommeillerait dans chaque pli de sa peau vieillissante. Les perdants ne sont plus magnifiques : « l'homme est le peu qu'il est avec son corps en plâtre mou » et son nez d'alcoolique. Chacun est un bout de bouc. Le poète compris. Avec son goût de pas encore, de désaccords et de déjà tout.

Jean-Paul Gavard-Perret


Remy Disdero, "Oaristys et autres textes", Editions Cormor en Nuptial, 128 p., 2018.


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