Christophe Esnault multiple dans ce livre des hallucinations qui rendent Socrate et Platon obsolètes. En effet l'auteur n'a rien d'un petit soldat stoïcien et son Cogito est percé de trous ce qui est bien utile face à ceux qui croient autant à l'idéal qu'aux bornes de la rationalité.
Ici la vie est dans bien des plis par forcément impeccablement repassés. Et face aux divinations philosophiques l'auteur transmet un message différent : la solidarité et l'amour sont loin de dominer le monde. D'où son « besoin vital de se retrouver seul(e) ». D'autant qu'il ne connaît qu'une certitude : il ne vaut pas mieux que les autres - ce qui ajoute de la valeur à ce qu'il écrit.
Ses textes sont là pour dire ce qui est et non pour proposer une dématérialisation du corps. Nous sommes présentés avec nos névroses en tant que diverses gaietés de l'escadron humain. Le corpus corrosif dit l'angoisse que l'ironie biaise. Et ce dans les ruines de la ville la nuit, ses épiphanies, ses commotions soudaines et ses thromboses par forcément thromboscopiques.
C'est pour Esnault à la fois une manière de prendre la fuite pour tenir, de résister pour rameuter moins la survivance (mais non l'immortalité) de l'âme que du corps. Néanmoins il n'en fait rien quelque chose de personnel...
Jean-Paul Gavard-Perret
Christophe Esnault, "Ville ou jouir et autres textes navrants", Editions Louise Bottu, Mugron, 164 p., 14 €, 2020
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