« Millet entre lumière et ombre », RICHARD MILLET, HUMAINE COMEDIE

Millet est impitoyable. Moins par plaisir satanique que par lucidité amère. L’auteur avance dans sa démonstration. : « Toute ma vie j’ai eu peur. Peur de vivre, de mourir ? Non : pas même peur de moi ni de ces nuages que les vivants passent leur vie à redouter. » Elle est d'un autre calibre et d'un renversement pour celui qui garde « la nostalgie de choses qui ont peut-être eu lieu tout en restant à venir. »


C'est de cette phrase que germe toute son oeuvre. En conséquence « Humaine comédie » débouche sur une immense vision de la cohérence défaite et la décomposition d’un monde devenu « petit bout de rien » (Beckett) comme si tout devait retourner au chaos. Si ce monde est destiné à se poursuivre il est désormais sans écho spirituel là où des êtres n'en finissent pas de finir et dans lequel ils sont happés par l'absence à eux-mêmes.

Millet poursuit et complète de la sorte sa méditation crépusculaire en « l’honneur » d’un monde qu'il avait déjà évoqué dans « Ma vie parmi les ombres ». Elle apparaît sous l'aspect de personnages dans ces nouvelles. Mais d'autres parmi eux restent des fantômes. A l'ombre appesantie de leur transparence, le livre permet de voir le monde et de se reprocher d'un auteur qui peu à peu s'impose quoique ostracisé.

Ces suites d'histoires dites et contredites crée la valse hésitation du monde dans sa lumière qui se meurt. Et « Bientôt nulle » aurait ajouté Beckett le pré-voyant.


Jean-Paul Gavard-Perret


Richard Millet, "Humaine comédie", Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2020, 224 p..

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