Ghislain Ripault publie un des derniers textes du poète, nouvelliste et essayiste algérien Malelk Alloula qui vécut longtemps à Paris. Ce texte est différent du reste de l'oeuvre puisque sous couvert de roman se cache une autobiographie à peine voilée. L'auteur comme son « autofiction » d'initiation se partage en deux pôles : celui du père et celui du caravansérail où l'auteur découvrit son premier amour.
Avec précision et clarté, Alloula s'écarte de l'invention romanesque stéréotypée et anecdotique. Toutes les informations contenues font sens entre les secrets de père et ceux des femmes de « L'Ecurie de Ralem ». L'éducation se complète en ces deux fractions.
L'auteur va apprendre son métier d'écrivain public puis d'Ecrivain grâce à son père auquel se greffe une autre présence : l'Analphabète et ses visions métaphysiques. Mais le premier reste majeur. Sorte de Ravachol masqué en écrivain public, il rédige moins des missives que des « machines infernales ».
Quant à Aïcha en son « couvent » très particulier (il s'agit d'un bordel), elle lui apprend tout autant de quoi nourrir sa vie d'homme et d'écrivain même si, à la fin, l'auteur la perdit « littérairement avant de la perdre physiquement ». Existent donc, rassemblées, les découvertes, les blessures et les émotions au sein d'un temps où l'auteur se construisait.
Jean-Paul Gavard-Perret
Malek Alloula, "L'Ecriveur", Editions Rhubarbe, Auxerre, 2019, 148 p., 12 €
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