Chez Philippe Jaffeux les déconstructions sont au service d'une transformation de la littérature. Il s'agit d'aller au delà des mots et ce qu'ils cachent à travers strophes et fragments jusqu’à l'apparition d'une sorte d' « image » - en divers cadres - pour montrer ce qu'ils ne peuvent dire. A savoir du neuf.
Au « degré zéro » de l'écriture se substitue une plongée dans des suites d'énumérations chères jadis à Rabelais et aujourd'hui à Novarina mais selon une stratégie différente. Et ce, même si en tous ces types de « soties » une spiritualité se produit dans le travail des mots matières, là où Jaffeux en devient le dramaturge et le thaumaturge.
Les divagations logomachiques et graphiques dépassent genres et arts dans ce qui tient autant d'une mise en espace plastique que d'une quête intérieure. Le moindre signe - à savoir la lettre - la « remise » d'une signification énigmatique au sein d'une sorte de nouvelle phénoménologie du sens.
Une telle poétique participe de différents niveaux d’appréciation de ce que le langage autorise « en ce feu ivre qu’est un texte, allant de la plus simple virgule jusqu’à la philosophie » précise l'auteur. Si bien que la lette reste le phénomène essentiel de tout acte d’écriture.
Jean-Paul Gavard-Perret
Philippe Jaffeux, « Pages », Editions Plaine Page, 2020
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