« Forêt des songes », PERRINE LE QUERREC, LA BÊTE, SON CORPS DE FORÊT

Pour évoquer les femmes Perrine Le Querrec choisit ici des mots chargés d'ombre. Et ce, en solidarité envers celles qui furent des victimes à diverses époques dont les femmes tondues à la libération par exemple.


Tout s'inscrit dans la faille du temps et des espaces d'enfermements. Elle pousse sa réflexion jusqu'à  en renverser la vision des asiles. Ils sont vu chez elle non pour protéger le dehors de leur dedans mais leur dedans du dehors.

Dans le second volet de livre, Perrine Le Querrec sort des moments de désolation et de dégradation pour foncer en une écriture particulière de l'éros. Les corps sont là sans fard à travers une forêt qui n'est pas uniquement celle des songes.

Le poids de la chair pèse pour rendre palpable une pensée   en précisant combien   le corps jouissant est engagé dans l'acte d'écrire. Hors de toute obscénité, l'auteure entraine en un sillage voluptueux vers une vérité qu'elle définit ainsi :  « ta vérité (est) dressée contre ma vérité / la tanière de tes pieds / terre aux extrémités ».

Ecrire confronte à la rencontre la plus libidinale qui soit au moment où les amants sont emportés dans l'instant de la rencontre  pour mieux se reconnaître  :  « Soulevée sur nos dos / La terre brûlante tu sens ça vit ça rampe / Ça s’accouple / Je vis je rampe m’accouple / À l’unisson ». 

Le trop devient soudain le jamais assez.  La forêt reste le cap et le cadre d'une union. Là où un cas particulier caresse une généralité idéale.


Jean-Paul Gavard-Perret


Perrine Le Querrec, "La bête, son corps de forêt", Editions Les Inaperçus, Nantes, 48 p., 2020

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