« Cui, cui, cuit », JACQUES DEMARCQ, LA VIE VOLATILE

Jacques Demarcq sait que chacun avance en ses ombres avec sa propre bougie. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le « je pense donc je suis sois valide ». Flamme flotte avec un petit panache de fumée. Mais l'auteur prétend faire mieux : il avance dans le sombre avec des oiseaux de nuit. Mais les diurnes ne sont pas oublié : pour preuve ses « Zozios » dont il donne une suite après son premier tome publié il y a 12 ans.

Son autre monde est fait d'aventures avec les volatiles et autres animaux. Mais désormais (on se doute que c'était avant le Covid) l'auteur prend le large. Tel un Segalen du temps,  il voyages aux Amériques, en Afrique et Asie. L'ensemble se complète par un tour du monde des arts traditionnels et modernes de tous les continents.


Le bestiaire est immense. N'y manque que le pangolin. Et le vison. Mais le manteau de vision ne manque pas.  L'auteur remplace la terre des hommes et leur désert d'ennui pour lui substituer la toundra des animaux et des arts. Le volatile y règne : « Les oiseaux sont une chance à saisir , à l'égal de l'amour » nous précise le « professeur » en science naturelle. Il est vrai qu'ils offrent la possibilité de s'envoyer en l'air.

Farcesque et sage, animé d'images iconoclastes à souhait, l'auteur se soucie guère des révisions mentales que son livre propose. Il s'y moque des effets de style et de vocable que tout écrivain bien mis et propre sur lui garde l'habitude de respecter.

Et il n'est pas jusqu'aux zozios d’Aristophane d’enterrer « dans leurs propres têtes les cadavres de leurs parents ». Pour autant  la gente ailée ne constitue en rien une suite de cimetières volants.

Le style devenant cimetière :  tout est en place pour qu'une autre farce que l'humaine y fasse son nid. Se prétendant prosateur ornithologue et réaliste, Demarcq met en charpie les élucubrations métaphysiques. Le burlesque permet de prendre le larger et de danser allègre.

A notre tour nous sommes filles et fils de l'air ,dans la rencontre inaugurale entre le « je » et l'espace auquel son support charnel ne permet pas d'accéder. Existe néanmoins une filiation de l’humain aux volatiles, de l'humanité à l'animalité que l'auteur explore dans tous leurs états de dérangements, filiations et translations.  


Jean-Paul Gavard-Perret


Jacques Demarcq, "La vie volatile", Edition Nous, Caen, 2020, 397 p., 30 E.

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