L'artiste genevoise Pascale Favre mêle textes et dessins pour scénariser son lapin nain aussi domestique que psychopathe comme beaucoup de cette espèce (presque humaine ?) Situées aux débuts des années 1980 les textes évoquent les souvenirs vécus et partagés avec le lagomorphe affamé rongeur.
Manière pour sa maîtresse de spéculer sur notre rapport de souveraineté envers le rapport à l’animal - plus particulièrement de compagnie - mais aussi à l’attachement, à la douceur, aux joies, la douleur et les difficultés d'une adolescence qui cherche dans cet « Aster » un port d'attache bref, un Amsterdam. Il devient en quelque sorte une sorte de double de l'artiste même si Alice n'est plus ici.
Les dessins quant à eux deviennent une galerie de portraits où Pascale Favre se fait la Gustave Doré de ses propres fables à la Fontaine. Tout est drôle et mélancolique en ce magasin de curiosités. Le lapin y reste quelque peu cabot : il recherche plus les bravos que les caresses. Cette lapinade évite toutes lapalissades. Elle permet de remonter le temps voire l'histoire d'un corps adolescent lui-même en recherche de souveraineté avant que les carottes soient cuites où qu'Aster ne les mange même s'il ne les apprécie guère.
Jean-Paul Gavard-Perret
Pascale Favre, "Aster. Une vie de lapin", colll. Pacific, art&fiction, Lausanne, 96 p., 27 CHF.
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