Goblot rappelle que la saturation des images pornographiques avait désamorcé ce qui, un temps, en avait fait la valeur : le secret et l’interdit, le caractère d’initiation. « Depuis le Moyen Âge, toutes les images, d’une façon ou d’une autre, avaient été des leurres métaphoriques, désignant implicitement ce qu’elles censuraient, à savoir un corps de femme » écrit-il.
D'une certaine manière il souligne que l'obscénité n'existe pas. Ou du moins pas là où l'on dit la trouver. Et en ce sens la censure des algorithmes de Facebook renforce ce point en mettant l'interdit non sur la mort, la torture, la guerre, etc. mais sur le corp nu.
L'auteur nous guide jusqu'à l'imagerie médiévale avant de revenir sur la « queue du diable » contemporaine qui est sinon la nôtre du moins notre esprit. A mesure de rejoindre Dieu nous n'attirons que le Diable. Et qu'importe les croyances. Le diable est plus fort qu'elle et nous sommes son otage.
Et les nouveaux êtres connectés ou numérisés sont encore plus victimes que les autres. Leur "avènement vaguement prométhéen" n'est qu'une farce. Face à nos écrans nous déjeunons en l'honneur d'un nouveau déluge. Les mises à jours de nos machines ne sont que des mises en demeure non seulement du peu que nous sommes mais de qui nous devenons.
Goblot pour autant ne dramatise pas. Il souligne le dépit dont nous n'avons même pas conscience en ce monde finissant sous ses leurres d'ouverture au moment où sous couvert de sécurisation nous sommes assiégés de partout. Tandis que nous prenons pour des papes de l'information assis sur les saints sièges pour pianoter devant nos machines célibataires. Elles ne le seront jamais autant que nous.
Jean-Paul Gavard-Perret
Pascal Goblot, Après la pornographie, Derrière la salle de bains, Rouen, 5€
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