Christophe Esnault perce la surface de bien des eaux dormantes. Elles cachent bien des syphons. Et ils rappellent que paradoxalement on n'est rien, à personne. Personne n'est rien sinon au temps qui nous cuirasse. Mais il suffit d'un simple glouglou pour remonter le cours des lieux où l'enfant discret et peu disert pêchait.
Il lui fallait parfois un bon paquet de viande et de nerfs pour sortir de l'onde des masses noires ou argentées. Mais le poète prouve que l'enfance peut toujours se réinventer. La sortir des gouffres aquatiques ne revient pas à s'en défaire. Au contraire. Cela permet de montrer ce qui fit ce que nous sommes devenus.
Surgit l'intimité ouverte et - au delà de la pêche - des péchés voluptueux. Ils font parler ce qui se tait et permet de s’arracher à l'erreur mystique. Car ce qui habite l'eau comme la terre n'a rien à voir avec un dieu sauf à penser que le poisson lui-même détient une spiritualité vagissante. Ce qui n'est pas à éliminer d'emblée...
Jean-Paul Gavard-Perret
Christophe Esnault, "L'enfant poisson-chat", Editions Publi.net, 2020, 110 p., 12 E.
Portrait impudique d'un drogué amoureux from Brice VINCENT on Vimeo.
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