« Le bal des vampires », ETIENNE RUHAUD, ANIMAUX




L’écriture de Ruhaud s’inscrit dans un courant tragico-jubilatoire. Soudain notre savoir du monde semble venir de l'immonde et de la "monstration". L'auteur offre un bestiaire et une flore qui dépassent tout ce que nous connaissons.
Par exemple, les « disques - grandes huîtres de vase extraplates, impeccablement rondes » sont immenses et les indigènes qui les côtoient en ont moins peur que nous : après avoir peints leur coquille - ils les placent sur un pick-up où ils produisent des grondements sourds. Quant aux cèpes ils prennent la dimension gigantesque de « vastes galettes spongieuses » de plusieurs mètres de circonférence.
Tout cela dans l'objectif marqué  de tirer la langue à la dévotion qu'on porte à ce que nous connaissons. Autant au sujet des règnes animaux et végétaux que des hommes réduits à des groupes anonymes.  L'art poétique fait donc remonter des abîmes ce qui pourrait causer notre perte avec autant d'intelligence, de finesse que de drôlerie. 
Mettant la main à la pâte gluante des marais et la papatte de monstres repoussants, l'auteur propose une écriture des miasmes. Mais elle n'a rien de boueuse là où tout finit bien sûr par un bal des vampires selon la danse fantaisiste et ténébrante propre à l'auteur. 
Sa langue mêle dynamisme physique, tripotage jubilatoire et scansion allègre. Se trouve assumé et retourné par l’écriture tout ce qui est contre la matière-mère qu'on nomme nature.

Jean-Paul Gavard-Perret

Etienne Ruhaud, "Animaux", Editions Unicité, Saint-Chéron, 50 p., 12 E.

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