Si longtemps le narrateur gonflé de son importance a voulu ressembler à Watteau . Mais il tenta tout autant de s'en distancier en portant poignets de force hérissés de clous à têtes, lunettes octogonales et chaussures de parachutiste en cuir noir. Histoire de faire sensation sinon dans le monde du moins vis à vis de ses deux potes au feu : Petit Muscle et Saucisson.
Il tape au besoin l'incruste là où il se sent mieux que chez lui et voilà les trois zigomards devenus « Black block » avant la lettre. Plutôt que se croire Mousquetaires ils se voulaient moins marxistes que révolution française.
Trônant dans sa blancheur éclatante ce Gilles de raies aux murs parade tout en rêvant de sa première des femmes, Sonia aux seins magnifiques, des jambes interminables et « un cul suivi de trois points d’exclamation ». Mais l'auteur n'en dit pas plus car « L’esprit du sexe n’est pas grand causeur sur les désirs ».
Bien des autoroutes et des mandales vont dégorger : l'histoire empire - c'est normal car la révolution se termine. Et en avant la jouissaille : mère la morte n'a qu'à bien de tenir sans se retenir de rire. Âmes sensibles s'abstenir, car entre scie électrique et botte à nique, Gilles a désormais troqué son costume punk pour un tablier de boucher.
On flaire, épluche, pétrit, desquame. Saint Ignace de Loyola appelé à la rescousse est évoqué dans ses plus belles pages. Mais rien n'y fait : cela ne change rien aux trépas et autres crucifixions de presque usage. Cauda reste un killer. Et qui plus est Serial.
Jean-Paul Gavard-Perret
Jacques Cauda, "Fête la mort !", Editions Sans Crispation, Paris, 2020.
Merci JP !
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