Compte rendu. Samedi 19 Septembre 2015. Soirée de réouverture de La Poissonnerie, association culturelle au 27, rue Neuve Sainte Catherine, à deux pas du Vieux-Port. L'association investit de nouveaux locaux.
Il faut passer un long couloir, se faufiler sous un drap pendu là qui remue sous les attaques du vent, pour arriver enfin à une cour intérieure de quelques mètres carrés, encerclée par quatre murs gigantesques. On y est. Derrière une scène rudimentaire où traînent les amplis et la batterie, le logo du groupe peint par Guillaume Sport Lukçe exhibe ses lettres ouvragées : T.O.M.Y & the C.O.U.G.A.R.S. « J'ai fait ça cette semaine, à la demande du groupe », me confie Guillaume. Il me sort ses carnets tout frais où le lettrage brille en noir. Le « T » baraqué regarde le « O » qui se maquille les yeux, le « M » donne un coup de pied dans le trou du « O » et le « Y » fait des haltères avec deux canettes de bières en guise de poids… Tomy ! Le voilà qui arrive et me renseigne : « Les caïpirinhas sont à 2 € par ici et pour les gars comme toi y'a du vin gratuit... »
Je fais un tour dans le public qui papote avant de monter au premier étage pour voir les dessins de Daveed Bensaada : une relecture du Jeu de Scopa1 (ou cartes italiennes). La « Taverne » s'étale sur trois planches, accueillante ; de l'autre coté les gourdins, épées, deniers et coupes figurent sur de grands panneaux / cartes à jouer, enlacés par des anguilles vertes… « Ce sont des murènes, précise Daveed, je vous expliquerai... » Il n'a pas le temps car le concert commence et je descends dans la cour pour écouter le groupe. Un set ultra-rapide d'une vingtaine de minutes, juste le temps pour certains de s'échauffer.
C'est toute une scène culturelle qui s'agite à La Poissonnerie. L'atmosphère est réjouissante. Le lieu incroyable de cachet. Pour certaines associations « inéligibles » à la subvention, l'essor global de 2013 a eu un effet collatéral : Marseille est devenue une ville plus attrayante culturellement. On croise de plus en plus d’exilés de tous les coins de France qui viennent découvrir les nouveautés culturelles que propose la ville et qui y trouvent une authenticité qui a toujours fait sa valeur.
Et cette authenticité se fonde souvent sur l'indépendance. Thierry Tannières, membre fondateur de l'association raconte : « Le petit immeuble qui abritait La Poissonnerie au 360, rue d'Endoume a été vendu. Nous avions commencé en 2001... Et on ne trouvait pas de local dans le quartier... Par le plus grand des hasards, mon ami Cristiano qui dirige L'Officina, atelier marseillais, m'a proposé d'accueillir La Poissonnerie dans ses murs. » L'association fonctionne sans subventions publiques - un choix délibéré - depuis 2012. « Nous équilibrons notre budget en ponctionnant 25% sur les ventes des œuvres exposées et sur les adhésions à l'asso2... »
La soirée se termine tranquillement dans la semi-pénombre. Prochain rendez-vous pour l'association : le Festival Dansem3 qui aura lieu du 20 novembre au 16 décembre 2015. La cour retrouve son calme et ses murs paraissent encore plus haut qu'à mon arrivée. Je quitte les lieux sans savoir si j'y remettrai les pieds... Au fond, c'est ça aussi Marseille !
P. A.
1.
Le jeu Scopa
de
l'association La
Poissonnerie sortira
le 15 décembre 2015 (500 exemplaires, 40 cartes plastifiées, 10€)

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